La SMU recommande : valoriser la diaspora tunisienne en Afrique pour en faire un levier de croissance et de réseautage économique

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La-Tribune Economique (croissance et de réseautage économique) – Dans le cadre de son cycle de conférences mensuelles intitulé « Les Jeudis de l’Afrique », la South Mediterranean University (SMU : MSB/MedTech/LCI), dont le campus se situe aux Berges du Lac 2 à Tunis, vient d’organiser, en partenariat avec l’association « Le Forum Tunisien des Politiques Publiques (FTPP) », une conférence-débat intitulée « Le rôle de la diaspora tunisienne dans la diplomatie économique tunisienne en Afrique » à laquelle ont pris part des acteurs publics et privés de haut niveau à l’instar de M. Salhy El Borni, directeur général de l’ATCT (Agence tunisienne de coopération technique), Mme Cyrine Dhraief, Managing Director Ola Energy Cameroun, M. Skander Oueslati, Senior Partner d’Afric Invest (CIO & Co-Head Afrique subsaharienne), M. Issam Ben Youssef, Managing Director Business Development de Soroubat en Libye, M. Anis Keskes, CEO et fondateur d’ITB (filiale en Côte d’Ivoire) et M. Hichem Ben Yaiche, rédacteur en chef IC Publications, expert en géo-politique et spécialiste de l’Afrique, avec le concours de M. Ridha Mahjoub, EMBA Alumni et expert en développement commercial pour la zone Afrique.

Mme Hela Chaari, directrice du Centre de Carrière et des Alumni à la SMU, a rappelé à l’ouverture des débats que « la diaspora est un puissant vecteur de développement pour le pays d’origine à travers son expertise », soulignant que la Tunisie comptait une diaspora d’environ 1,3 million de personnes, en majorité établie dans les pays de l’Union européenne ou dans les monarchies du Golfe. En Afrique, cette diaspora est présente essentiellement dans sa partie francophone. Son rôle de représentativité est d’autant plus important que la Tunisie ne compte que 15 ambassades sur tout le continent et ses 55 pays.

Entre janvier et août 2022, la valeur des fonds des Tunisiens travaillant à l’étranger a atteint 6 milliards de dinars, (soit 1,87 milliard de dollars), en hausse de 16,5% par rapport à la même période de 2021. « Ces chiffres prouvent aujourd’hui la volonté de la diaspora tunisienne à contribuer au développement socio-économique et au positionnement de la Tunisie sur les marchés internationaux » a ajouté Mme Chaari, estimant que « le gouvernement dispose d’un outil efficace pour assurer le réseautage, l’innovation, le transfert technologique, la mobilisation des fonds et la promotion des industries ».

« La diplomatie économique en Afrique passe nécessairement par la captation des opportunités et des synergies entre les diverses parties prenantes » a estimé de son côté Mme Maha Trabelsi, vice-présidente du Forum Tunisien des Politiques Publiques (FTPP).

Lors de cette conférence, le poids de la diaspora tunisienne en Afrique a été mis en exergue et, à l’unanimité, son rôle a été jugé comme étant stratégique dans le processus de construction nationale. Plus encore, cette diaspora, que l’on nomme communément TRE (Tunisiens résident à l’étranger), a donc aussi sa place dans le renforcement des capacités institutionnelles et économiques.

La réflexion a porté sur les initiatives pouvant être créées pour consolider le rôle de cette diaspora en Afrique pour la mettre en valeur, mieux l’intégrer dans les plans de développement du paysà travers les instances étatiques existantes tels que l’Office des tunisiens à l’étranger (OTE) ou l’ATCT. Le directeur général de cette dernière, M. Salhy El Borni, a estimé lors de la rencontre que le premier rôle de la diaspora à l’étranger était de soigner l’image de marque de son pays d’origine. Il a annoncé à l’occasion l’existence de 5 projets dans les pays africains initiés par des centres d’expertise tunisiens, citant en exemple la mise en place par la Poste tunisienne d’une plate-forme de Mobile Payment en Mauritanie ou encore la mise en place d’un laboratoire aux îles Comores, l’accompagnement du gouvernement tchadien pour l’introduction de la langue arabe dans son système éducatif, etc.

Mais venir en Afrique pour trouver du travail n’est pas la voie à suivre. Mme Cyrine Dhraief a souligné de son côté que s’implanter en Afrique doit se faire à travers dans le cadre d’un projet de business. Citant le cas du Cameroun où elle est installée, elle confirme que « c’est un pays qui regorge d’opportunités ». La représentante d’Ola Energy a proposé la création de conseils de commerce tunisiens en Afrique.

Confirmant cette vision, Anis Keskes, à la tête d’une entreprise agissant dans la manutention et installé depuis 2019 en Côte d’Ivoire, rappelle que « l’Afrique n’est pas le paradis que l’on croit malgré tout, il faut faire beaucoup d’études de marché avant de s’installer » a-t-il recommandé. Le responsable a par ailleurs annoncé une initiative importante réalisée à Abidjan qui consiste en la création d’une chambre de commerce tuniso-ivoirienne destinée à créer des synergies entre les sociétés tunisiennes présentes dans ce pays et les sociétés ivoiriennes qui exportent, notamment en Tunisie.

Pour sa part, M. Hichem Ben Yaiche, qui est également rédacteur en chef de l’édition française du magazine NewAfrican, a estimé que l’un des éléments essentiels dans l’approche était de « connaître l’Afrique et sa dimension anthropologique, s’agissant d’un continent hypersensible pour des raisons historiques ».A propos du rôle de la diaspora, il a estimé que la Tunisie s’est ouverte vers l’Afrique que très tardivement. « Il y a une vision systémique qu’il faut construire, il ne faut pas improviser ni avoir une approche fragmentée de ce continent » a-t-il préconisé, recommandant aux instances tunisiennes de nommer un « Monsieur Afrique » qui soit un homme de terrain pour capitaliser sur le travail mené par les entreprises sur place et constituer un genre de « guichet unique » pour fournir toutes les données souhaitées à ceux qui comptent s’installer.

En l’absence de représentation diplomatique tunisienne dans tous les pays, M. Issam Mahjoubi (Soroubat) a proposé de développer le réseau de consuls honoraires, accorder plus d’importance à leur rôle, soulignant toutefois la nécessité de bien les choisir. Il a par ailleurs suggéré de s’étendre vers l’Afrique de l’Est et sa région anglophone, considérant qu’il y existe un fort potentiel.

« La présence tunisienne en Afrique de l’Est reste timide » confirme pour sa part M. Skander Oueslati (Afric Invest). Basé à Nairobi, il recommande de son côté de mettre en place un réseautage à travers le canal digital.

Ridha Mahjoub émettra pour sa part le vœu de « lancer une campagne publicitaire pour faire de la diaspora tunisienne des héros car elle remplace la diplomatie tunisienne là où elle est absente ».

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