La-Tribune Economique (Le solaire décentralisé au Maroc) – Engagé dans la transition énergétique, le Maroc compte porter la part des énergies renouvelables à 52 % de son mix électrique et produire 5 GW d’électricité verte pour l’industrie d’ici 2030. Ces objectifs reposent sur des projets intégrés valorisant son fort potentiel solaire et éolien.
Une nouvelle perspective s’ouvre devant le Maroc en matière de transition énergétique. Selon une étude du think tank Imal Initiative for Climate and Development, publiée lundi 3 novembre, le pays pourrait tirer jusqu’à 66,8 TWh d’électricité par an de ses toitures solaires, pour une puissance potentielle estimée à 28,6 GW.
Selon les auteurs, ce potentiel énergétique offre des possibilités pour soutenir le développement de la mobilité électrique alors que le Maroc vise 2,5 millions de véhicules électriques d’ici 2035. L’étude évalue la capacité de stockage mobile de ce parc à 39 420 GWh, soit 98 % des besoins de recharge estimés à 40 147 GWh. Ce volume correspond également à 91 % de la demande électrique nationale projetée pour 2035 (43 145 GWh).
Ce développement s’appuie sur une cartographie des toitures disponibles dans les douze régions marocaines. L’étude modélise trois scénarios, optimiste à 28,58 GW, médian à 17,15 GW et pessimiste à 8,57 GW. Dans chaque cas, elle conclut à un gisement considérable de solaire décentralisé dont le pays peut profiter.
Reste désormais à déterminer comment exploiter concrètement ce potentiel. L’étude préconise la mise en œuvre de la loi n°82-21 sur l’autoproduction, la publication des décrets relatifs au comptage bidirectionnel et au tarif de compensation, ainsi qu’une clarification du cadre d’application pour favoriser la production solaire dédiée à la recharge des véhicules électriques.
Au-delà de l’enjeu réglementaire, ce couplage entre solaire distribué et mobilité électrique revêt une portée stratégique. Selon le ministère de la Transition énergétique, il s’inscrit dans l’objectif national de porter les énergies renouvelables à 52 % du mix électrique d’ici 2030.
Dans ce contexte, le solaire décentralisé apparaît comme un levier de sécurité énergétique susceptible d’éliminer jusqu’à 48 millions de tonnes de CO₂ dans son scénario le plus ambitieux. L’étude estime que ce segment pourrait en outre créer environ 43 000 emplois directs et indirects d’ici 2035, renforçant le tissu économique local.
Mais concrétiser l’ambition du solaire distribué suppose une transformation structurelle. Le Maroc est appelé à moderniser ses infrastructures électriques, à diversifier ses financements et à sécuriser ses choix technologiques pour concrétiser sa transition énergétique. Les retards observés dans certains projets solaires majeurs, dus à des divergences technologiques, rappellent que la réussite de la transition énergétique passe aussi par une gouvernance claire et des choix industriels stables.






































