Algérie : quand l’inflation grignote (sérieusement) le couffin du ramadan

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La-Tribune Economique (l’inflation) – Malgré les efforts des autorités, le pouvoir d’achat des Algériens reste profondément impacté par l’inflation en ce mois sacré.

Pour un ramadan à petits prix, le gouvernement tente d’obtenir une baisse significative des prix de plus de 60 produits de large consommation. (Vendeuse sur un marché d’Alger, la capitale, le 11 mars 2024, image d’illustration). © CHINE NOUVELLE/SIPA

« Il y a de tout, mais on ne peut acheter que peu. » Ce retraité rencontré au marché d’El Mouradia, sur les hauteurs d’Alger-Centre, résume assez bien la configuration de l’offre en denrées alimentaires aux premiers jours du mois du ramadan. Point culminant de la courbe de consommation de toute l’année, le mois sacré est synonyme de stress pécuniaire pour des milliers de familles face à l’envolée quasi traditionnelle et automatique des prix des légumes, des fruits, de la viande rouge ou blanche et autres articles nécessaires pour garnir la belle table de la rupture du jeûne.

Depuis quelques années, l’agriculture connaît un bond important (prévision de croissance 2024 de 5,6 %), avec notamment des records quant à la production des pommes de terre, des céréales, des légumineuses, etc.).

Si les prix, cette année, marquent un (très) léger recul par rapport au précédent ramadan, ils restent néanmoins élevés par rapport à un pouvoir d’achat de plus en plus grignoté par l’inflation. La Banque d’Algérie (Banque centrale) affiche un taux d’inflation en glissement annuel de 9,32 % et, dans sa dernière note de conjoncture, la même institution souligne que « l’indice national des prix à la consommation a enregistré une augmentation de 8,84 % en septembre 2022 à 10,32 % en septembre 2023 ». Cette hausse serait, selon la Banque d’Algérie, « principalement imputable à des augmentations dans les prix des groupes alimentation-boissons non alcoolisées et santé-hygiène corporelle, qui ont respectivement enregistré une inflation passant de 11,27 % et 7,62 % en septembre 2022 à 15,19 % et 8,87 % en septembre 2023 ».

L’expert en économie Abderrahmane Mebtoul liste plusieurs facteurs provoquant ce qu’il qualifie de « processus inflationniste » : besoins croissants de la population, inflation importée (85 % des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées, dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15 %, proviennent de l’extérieur), déficit budgétaire avec une hausse historique des dépenses de l’État, faiblesse des production et productivité internes, dépréciation officielle du dinar, importance du marché informel (33 à 37 % du PIB) et fraude fiscale et corruption (notamment la surfacturation à l’export).