Un fossé de 9,92 milliards de dinars en quelques mois, cinq pour être précis. Tel est le nouveau boulet que traîne la balance commerciale de la Tunisie avec un écart de plus en plus large entre ce qu’elle vend à ses partenaires étrangers et ce qu’elle en importe.
C’est un déficit qui s’est aggravé de 67% durant les cinq premiers mois de l’année en cours , passant de de 5,94 milliards de dinars à la période correspondante de 2021 à pratiquement 10 milliards de dinars , selon les chiffres de l’Institut national de la statistique rendus publics ce week-end.
Le taux de couverture a ainsi perdu ipso facto 5,7 points, par rapport à la même période de l’année 2021 pour s’établir à 70,1%.
Durant les cinq mois de l’année 2022, les exportations ont enregistré une hausse de 25,1%, contre 24,7% durant les cinq mois de l’année 2021. Elles avaient atteint 23283,3 MD contre 18610,5 MD, durant la même période de l’année 2021.
A leur tour, les importations ont affiché une hausse de 35,3% à 33212,7 MD durant les cinq mois de cette année, contre 16,8% et 24551,6 MD, durant la même période de l’année dernière.
Une éclaircie de très brève durée
Pourtant, on avait cru à une belle éclaircie lorsque les exportations tunisiennes s’étaient redressées en avril après le recul enregistré en mars Elles avaient alors grimpé de 4,6% cependant que les importations se maintenaient sur une pente positive et progressent de 6,2 % en glissement mensuel.
Hors produits énergétiques, les exportations ont affiché une baisse de 4,4% tandis que les importations ont enregistré une hausse de 8,2%.
Le déficit commercial mensuel, en avril 2022, s’est aggravé en avril pour s’établir à 2157,5 MD contre 1960,3 MD en mars.
Le taux de couverture, en avril 2022, avait perdu, ce faisant, 1,1 points par rapport à mars 2022 pour s’établir à 68,5%.
Après le repli de 5,8% en mars, les exportations reprenaient du rythme pour s’inscrire dans une amélioration notable au niveau des ventes à l’étranger du secteur de l’énergie qui ont crû de 66,5 %, atteignant un niveau record de 568,6 MD. De même, après avoir connu une baisse de 20,2% en mars, le secteur de l’extraction des phosphates et dérivés s’était nettement redressé (+123,7%). Les exportations du secteur des industries agro-alimentaire ont augmenté de 12,9%. Ceux du secteur Textile habillement et cuirs se sont améliorées de 3,6% malgré la baisse enregistrée dans la branche cuir et chaussure (-6,3%).
Décrochage des biens de consommation !
Néanmoins les exportations du secteur des industries mécaniques et électriques avaient baissé de 11,2%. Et celles du secteur des industries manufacturières diverses ont reculé de 13,2%.
En avril, certes, les importations se sont accélérées signant une hausse de 6,2% par rapport à mars, pour s’établir à 6847,3 MD. Mais cette augmentation est principalement due à la forte reprise des approvisionnements en produits alimentaires qui ont quasiment doublé (+98%), principalement tirés par la hausse mondiale des prix des produits de base. En outre, fait important, les importations de matières premières et demi-produits sont en hausse de 1,7% et les acquisitions en biens d’équipements ont augmenté de 2,4%.
Surtout, les achats de biens de consommation ont enregistré une baisse (-6,6%) et les importations des produits énergétiques ont diminué de 2,2%. Hors produits énergétiques, les importations ont augmenté de 8,2%.
Ce parallèle entre les mois d’avril et de mai 2022 fait apparaître des tendances diamétralement antinomiques, et comme souvent au détriment des achats qui bénéficient au pays et répondent à ses besoins et à ceux de son économie.
Quand va sonner l’heure de la fin des importations à tout-va alors que le pays est en proie à une crise dont il n’avait jamais vécu de pareille ? Une crise, d’abord, politique qui a gravement rejailli sur le reste avec comme circonstances aggravantes et qui tiennent à bien des égards, de la force majeure comme la pandémie du coronavirus et les retombées de la guerre russo-ukrainienne.